Interview Antoine Cupial – Scénariste Kino Série Episode 3

Antoine Cupial, scénariste de l’épisode 3 de la Kino-Série a accepté de passer sous le feu des projecteurs pour nous dévoiler les coulisses de son métier.

Depuis combien de temps faites-vous ce métier et comment en êtes-vous arrivés là ?

Mon parcours professionnel est très hétéroclite. Je suis aujourd’hui scénariste et ce, depuis une dizaine d’années.  Cependant, avant cela, j’ai fait un peu de journalisme, j’ai monté une start-up, j’ai bossé sur le web, j’ai fait de la communication… J’ai fait beaucoup de choses mais, je souhaitais revenir à ce que je voulais faire quand j’étais jeune : écrire. J’ai donc commencé à me former, à travailler et puis maintenant je développe des projets personnels.

Avez-vous toujours eu envie d’exercer ce métier de scénariste ?

J’avais envie de faire ce métier depuis assez longtemps. Lorsque j’étais au collège, j’ai réalisé mon stage de 3èmeau sein d’un journal quotidien régional Auvergnat qui s’appelait La Montagne. J’avais donc déjà cette envie de travailler dans la communication, et plus particulièrement, en tant que journaliste. J’aimais raconter et j’avais une certaine volonté d’écrire. J’avais déjà cette fibre d’auteur.

Sur un tournage, le scénariste a-t-il son mot à dire ?

Tout dépend du rapport entre l’auteur et le réalisateur. Il y a des couples d’auteur-réalisateur qui travaille très bien ensemble. Le réalisateur demande alors parfois au scénariste d’apporter des modifications sur le scénario. Il l’invite même des fois sur le plateau de tournage. Mais, de manière générale, les échanges entre le scénariste et le réalisateur s’arrêtent à la préparation du scénario puis le réalisateur fait sa part de boulot, à savoir : la mise en scène, la réalisation…

Me concernant, je prône le fait qu’il y ait un véritable dialogue entre l’auteur et le réalisateur. Si le réalisateur participe à cette phase d’écriture alors les modifications peuvent être effectuées directement. Ces échanges sont bons et bonifient les projets.

Travaillez-vous régulièrement avec un réalisateur en particulier ou avez-vous l’habitude de changer de « binôme » ?

De manière générale, je travaille sur mes propres projets d’auteur. Parfois, je collabore avec des réalisateurs comme, c’est le cas ici, avec Arthur Fanget. On m’a associé à lui pour la Kino Série sans que je le connaisse en amont. Après non, je n’ai pas de binôme en particulier. Je travaille avec des réalisateurs qui interviennent dès le stade de l’écriture ou qui participent à l’élaboration du projet.

Que pouvez-vous nous dire du troisième épisode de la série Kino ? 

Pour cet épisode de la Kino Série, on m’a approché pour me dire « on voudrait que tu écrives avec un réalisateur avec lequel on va t’associer ». Sur le principe, j’ai dit « pourquoi pas ». On m’a ensuite informé du sujet : « c’est une série où l’on va aborder toutes les phases de la production d’un film. Parmi ces dernières, il y a le casting et tu seras en charge de l’épisode évoquant cette étape de production. » Et là, j’ai dit « Aaaah ! Super ! ». Ce sujet ne m’inspirait pas. J’ai tout d’abord essayé de proposer des castings qui n’étaient pas vraiment des castings. On m’a alors dit « non non, ça doit vraiment être un casting de film et pas autre chose. » Je n’avais, bien évidemment, toujours pas d’idée. Quelque chose bloquait, ça ne me séduisait pas. J’ai ensuite trouvé l’idée et, à partir de là, j’ai commencé à écrire rapidement. J’ai proposé ma première version à Arthur, qui a tout de suite validé le principe. On a procédé à quelques ajustements : on a modifié la fin, revu certaines séquences … Il s’agit ici d’un film très court, on ne peut donc pas se prendre la tête avec une infinité de détails.

Concernant le casting, Arthur a tout d’abord regardé autour de lui les personnes susceptibles d’interpréter un rôle. Pour le rôle principal, nous avons pensé à Arnaud Cosson qui est un des comédiens du film « Diagnostic ». Il s’agit d’ailleurs de la première personne à avoir intégré le casting de ce film puisqu’il a tout de suite validé le concept.

En tant que scénariste, intervenez-vous lors des choix des acteurs ?

En principe, je n’interviens pas sur le choix des acteurs, ça fait partie du travail du réalisateur. Néanmoins, j’ai souvent des idées en tête concernant les comédiens. Du coup, lors des échanges avec le producteur, je me permets de lui dire « tiens tel comédien correspondrait parfaitement à tel personnage. ». Ensuite, libre au réalisateur de prendre mon avis en considération.

Voilà, ça peut être une discussion commune mais ce n’est pas, en tout cas de façon prépondérante, le rôle du scénariste de décider du casting.

Avez-vous une écriture particulière pour vos scénarios ? Ou cela se fait-il « au feeling » ?

Pour l’écriture d’un scénario, j’ai une marotte. J’ai besoin de connaître le fond de l’histoire. Si je n’ai pas cela, je suis incapable d’écrire l’histoire de base. Enfin si, je peux l’écrire mais ça ne fonctionnera pas.

Concernant l’épisode de la Kino Série, le sujet était donc le casting. Lors de cette étape de production, il y a une certaine difficulté à choisir. Mon scénario s’est donc construit autour de cela. Un réalisateur devient rapidement obsédé quant au choix des comédiens principaux, ça devient même cataclysmique pour lui, dans sa vie de tous les jours, de devoir faire ces choix. J’ai donc voulu mettre cette obsession en avant dans ce court-métrage.

Vous connaissez alors souvent la fin de votre scénario avant même de l’écrire ?

Alors oui, généralement je connais la fin de l’histoire dès le départ. Si on sait ce que l’on veut raconter, si on connaît déjà le fond de l’histoire, le point de vue que l’on va développer sur nos personnages, et sur notre sujet de manière générale, va aboutir à une fin logique. Après, comment ? pourquoi ? Cela vient dans le développement de l’histoire mais, à priori on connaît un peu la trajectoire de chaque personnage.

Que pouvez-vous nous dire de votre premier scénario ?

Mon premier scénario était très mauvais. Il s’agissait d’un scénario de film qui se déroulait dans une fête foraine. Pour le coup, il n’y avait pas du tout de fond. Ce n’était vraiment pas terrible et n’a d’ailleurs jamais été tourné. Mais tant mieux ! il est très loin enterré sous une pile de papiers !

Mise à part Kino, quels sont vos projets ?

J’ai pas mal de projet à côté de Kino. J’ai des projets de séries, des projets de courts-métrages dont un que je souhaiterai réaliser. Je ne suis pas acharné et obsédé par l’idée de réaliser, mais celui-là je n’ai pas envie de le laisser à quelqu’un d’autre. J’ai également des projets de longs-métrages. Ça fait partie du métier de scénariste d’avoir beaucoup de projets, des refus … C’est un métier où l’on doit être habitué à l’échec ou, en tout cas, à entendre dire « non ». Mais, pour revenir à la question, oui j’ai beaucoup de projets et portant sur des formats différents.

Avez-vous travaillé sur des formats tels que des films, des courts-métrages ou bien encore des pubs ?

J’ai commencé à travailler pour une série jeunesse « C’est comme ça » pour France 2, il y a déjà une dizaine d’années. Il s’agissait ici d’une sitcom de 26 minutes, format assez particulier et très codifié. J’ai ensuite travaillé pour des web séries et écrit un court-métrage qui s’appelait « Diagnostic » et qui a beaucoup tourné sur les réseaux sociaux. Il a reçu beaucoup de prix dans divers festivals et a été préacheté par France 3. Donc, oui je travaille sur des formats différents mais aussi sur des genres bien distincts, que ce soit de la science-fiction, du drame, de la tragédie…

 Quels sont vos genre et format préférés ?

Sur le format, mais aussi sur le fond, je trouve que le court-métrage est très créatif. On peut s’affranchir de certaines règles… Après, vraiment, ce qui suscite le plus d’intérêt chez moi, ce sont les formats longs. J’aime les longs-métrages et les séries car cela me permet de vraiment développer des projets, de développer des univers et des personnages. Il est même parfois difficile d’abandonner, à la fin, cet univers narratif que l’on a bâtit et que l’on aimerait enrichir.

Avez-vous déjà participé à un défi Kino où la contrainte principale est de ne pas dépasser les 3 minutes ?

Concrètement, sur l’épisode de la Kino Série, on n’est pas à 3 minutes. C’est vraiment difficile de s’arrêter à 3 minutes tout en arrivant à raconter une histoire qui se tienne bien et sur laquelle on peut mettre un peu de richesses sur les personnages. Me concernant, j’ai déjà participé à des projets comme le « 48h film Paris » où, en 48h, il faut écrire, produire et monter un film avec des personnes que l’on ne connaît pas forcément. Ces défis sont très intéressants et permettent un certain enrichissement personnel. Ils permettent de voir, avec une certaine pression, ce que l’on est capable de faire, ou non. On apprend beaucoup à travers ces derniers, que ce soient les défis Kino ou alors les 48h film Paris.

D’après vous, quelle est la différence entre écrire un livre et écrire un film ?

Lorsque l’on écrit pour un film, on écrit pour des formats. Pour un long-métrage, on écrit plutôt du 90 minute, voire plus. Pour une série, on va écrire du 52 minute ou bien du 226 minute. Le court-métrage, quant à lui, est un peu plus libre mais ne doit généralement pas dépasser les 15 minutes. Pour l’audiovisuel ou bien pour le cinéma, on écrit alors souvent pour des formats avec beaucoup de contraintes techniques mais aussi avec une contrainte liée au fait que l’on ne peut pas raconter l’intériorité des personnages, contrairement à dans un roman ou dans une nouvelle. Si on fait toute une voix-off dans un film, ça peut vite devenir pénible. On va alors réfléchir à la gestuelle des personnages, à leurs actions, à ce qu’ils ressentent afin de mettre en avant leur point de vue intérieur. C’est ici que réside tout le défi de l’écriture audiovisuelle.

L’écriture littéraire permet alors une certaine liberté que l’on n’a pas en tant que cinéastes ou réalisateurs. En tout cas, elle doit être abordée différemment.

Votre métier en un mot ?

Je dirai peut-être : affabulateur professionnel, menteur professionnel. Je crée des illusions, je crée des mondes qui n’existent pas, je crée des personnages qui n’existent pas et pourtant à travers ces mensonges on parle de la vie. On essaye de parler des problèmes humains. Que ce soit de la science-fiction ou des films de genres, on parle simplement de la vie et de ce que c’est qu’être humain.

Une anecdote particulière sur les différents projets auxquels vous avez participé ?

Alors, sur le court-métrage « Diagnostic » le casting a été compliqué. Si vous voulez savoir pourquoi il vous suffit d’aller regarder le film sur YouTube. Vous taper « Diagnostic court-métrage » et vous allez le trouver. On s’est longtemps pris la tête pour le casting et finalement, quand je regarde le rendu final, je trouve que l’on se n’en est pas mal sorti. 

Vous pouvez retrouver Antoine sur Facebook et sur son site Internet.
Découvrez l’épisode 3 « Casting Libre » sur la chaine Youtube de KinoLyon.